Retour aux racines. - Libre -

Malheureusement pour la serveuse, je n'avais d'yeux que pour la demoiselle qui m'accompagnait et ne lui prêtais guère attention. C'est à peine si j'aurais pu dire la couleur de ses cheveux quand elle partit, après nous avoir donné les menus, alors qu'elle était sortie de mon champ de vision depuis seulement deux secondes. Mon attention était entièrement focalisée sur la belle Marjorie.
Je parcourus rapidement des yeux le menu, tout en jouant avec les doigts que Marjorie avait posés sur la table.

Quand la serveuse revint, je levais les yeux vers elle et demandai avec un sourire poli :
- Les cannelloni pour moi s'il vous plait.
Puis je regardai Marjorie et lui sourit.
- Et pour la demoiselle...
Je laissais ma phrase en suspend, la laissant complèter.

- Salade au chèvre.

L'attitude de Marjorie me fit sourire discrètement tandis que je congédiai la serveuse un peu plus poliment qu'elle ne l'avait fait, en prenant garde à ne pas me montrer trop amical cependant. Je ne tenais pas spécialement à en rajouter. La serveuse partie avec les cartes, j'attrapai la seconde main de Marjorie et la portait à hauteur de mes lèvres. J'embrassai conscieusement chacun de ses doigts jusqu'à ce qu'elle daigne lever le regard vers moi.

Une fois la carte dans les longs doigts fins de la greluche employée dans ce restaurant, je posai mon regard sur la bougie. La flamme était fixe, en même temps, il n'y avait pas d'entrée d'air. Parfois, elle vacillait, sûrement la respiration d'Erik, étant donné que la mienne était trop loin.
Je ne savais pourquoi, mais j'avais peur de lever les yeux vers ceux de mon ami. Peut-être par peur de les trouver sur la partie de l'anatomie la plus regardée chez une femme. Néanmoins, je changeai d'opignon lorsqu'il m'embrassa les doigts. Alors mon regards croisa le sien, et finalement, s'accrocha, le voyant dirigeait dans sur moi.

Quand Marjorie leva enfin son regard vers moi, je lui souris tendrement, sans cesser d'embrasser tendrement ses doigts. Elle était adorable quand elle était jalouse. Décidément, j'avais vraiment bien fait d'être revenu à Spaces. D'avoir cherché à la revoir. Ce ne serait pas comme la dernière fois, c'était une promesse que je me faisais à moi-même. Enfin, pas tant que j'y pouvais quelque chose.
Je reposai nos mains sur la table, toujours enlacées.
- Tu ne comptes manger qu'une salade ?

- Il faut bien que j'entretienne ce corps de rêve ... Sinon les hommes ne me regarderont plus dans la rue ...

Comme par hasard malchanceux, enfin, pour Erik, un homme dans la rue, me voyant à la fenêtre me fit un signe de la main, et me siffla. Je rougis, en rigolant.
La serveuse revint, nos plats sur son bras.

- Pour vous monsieur. & pour vous.

Comme attendu, j'étais un simple " vous " alors qu'Erik avait eu droit aux politesses plus que nécéssaires. J'enrageai tandis que je libérai ma main de celle de mon ami et attaquais ma salade.

- Pauvre pouf ...

Murmurais-je à moi-même, un regard haineux sur ma salade. Comment osait-elle se pavaner devant mon mec ? Rouler du cul comme une jument, et lui lançait un regard du style " on se retrouve chez moi après le boulot ". Salope.

Je jetai un regard froid au mec qui avait osé siffler la plus belle créature de cette foutue planète comme un vulgaire animal, puis tirai la langue à ma Marjorie. Décidément...
- Les autres hommes ? & Moi, tu t'en fous ?
Demandai-je en souriant, amusé. J'avais visiblement plus de facilité à contenir ma jalousie qu'elle, et j'éclatai de rire quand elle traita la serveuse qui s'éloignait de pouf. Pour en rajouter un peu, je regardais de manière imperceptible le déhanché de la jeune femme, en prenant bien soin que Marjorie me voie, avant de rire à nouveau.
- Jalouse, mon amour ?
Je ne l'avais probablement jamais appelée comme ça avant aujourd'hui.

Amusée par le comportement d'Erik, je regardai en souriant l'homme partir, presque gêné. Je tournai le regard vers celui de mon jeune compagnon, et fit semblant de réfléchire. Bien-sûr que non, je ne m'en foutais pas d'Erik, j'étais heureuse grâce à lui. Mon coeur battait de nouveau grâce à cet homme. A mon homme.

- Tu es le plus important pour moi.

Dis-je sincèrement sans sourire. Je piquais discrètement dans mon assiette un morceau de chèvre lorsqu'Erik donna un coup de regard trop insistant à la serveuse. Pour éviter de l'engueuler, j'avalais ma bouchée, et d'une voix claire, interpella la fausse blonde.

- Hey, la route est droite.

La question d'Erik fut amusante, mais aucun sourire de parut sur mon visage, je continuais de manger.

- Pourquoi le serais-je, elle est moche, grosse et son cul fait concurence à celui de Maïté.

J'avais parlé distinctement pour que la concernée ce reconnaisse.

Je souris tendrement à la première réponse de Marjorie, puis me mis à rire à gorge déployée quand elle commença sa série d'éloges à la serveuse qui lui adressa en retour un regard noir. Les propos de Majorie n'étaient pas à proprement parler fondés, mais je ne me serais pas risqué à la contredire. Pour couper court à mon fou rire, j'avalais une grosse bouchée de mon plat de cannelonni. Excellents par ailleurs.
La serveuse blonde fusilla du regard la jeune femme assise en face de moi mais n'osa pas répondre et se contenta d'aller s'occuper d'autres clients.
- Tu es adorable quand tu veux, Puce.
Dis-je à la principale intéressée, un sourire amusé aux lèvres. Je me concentrais ensuite sur mon plat, me rendant compte que j'étais littéralement affamé - comme d'habitude. C'est à ce moment-là que mon portable sonna, un appel. Il s'agissait, comme on pouvait s'y attendre, de Thomas. Il avait tendance à s'inquièter beaucoup trop pour moi, ces derniers temps. Il voulait sans doute se rassurer en entendant que j'étais bien arrivé. Je lui passais sa soeur quelques minutes plus tard, lui ayant simplement précisé que je me trouvais avec elle.

Le regard de la serveuse me fit sourire narquoisement. Heuresement pour elle et ses cheveux que sa bouche fut restée close. Je lui aurais sûrement envoyé une droite dans l'oeil, écrasant son nez diforme au passage. Et je ne me serais pas gênée pour, nouant mes bras autour de son cou, eclater son bide énorme contre mon genou. En clair, elle a bien fait de se la fermer. Je reportais mon attention sur le magnifique jeune homme que la mocheté de serveur regardait trop intensément, et lui sourit.
Entendant son téléphone vibrer, car tous les téléphones émettent un fond sonore lorsqu'ils vibrent, et attendit dans le silence. Je cru comprendre qu'il s'agissait de mon frère, du moins, d'après les fragments de voix que j'entendais via le dernier modèle technologique que tenait mon amoureux dans la main.

Je passais le téléphone à Marjorie quand son frère me le demanda, et me concentrai de nouveau sur mon plat que je terminais pendant leur conversation. Marjorie picorait elle aussi de temps à autre dans son assiette, si bien que nous avions tous les deux terminer de manger quand elle raccrocha. Le téléphone réintégra ma poche et je souris à ma charmante petite amie.
- On y va ?
Lui demandai-je, désirant savoir si elle voulait un dessert ou non. Me doutant de la réponse cependant, j'étais déjà à moitié levé.

Prenant le téléphone que me tendais Erik, je du reposer ma fourchette et m'abstenir de manger pendant quelques minutes. Mon frère me parlait depuis la HP, car, après avoir perdu Marjorie et le bébé, il avait sombé dans la drogue. Pas la légère, directement au fixe d'héro. Je l'écoutais, il délirait, puis finalement, une infirmière mis un terme à son appel. Je rendis le téléphone à son propriétaire, et me levai en même temps qu'Erik, en réponse à sa question.

Thomas avait toujours plus ou moins flirté avec la drogue - comme Maxime & moi par ailleurs - mais ces derniers temps qui avaient été les plus durs pour lui l'avaient vraiment plongé dedans. Je ne pouvais m'empêcher de m'inquièter pour lui. Je pris la main de Marjorie pour sortir du restaurant et nous nous engouffrâmes dans un taxi, devant le restaurant, pour nous ramener à l'hôtel. Il avait recommencé à pleuvoir. Soucieux, j'appuyai ma tête contre l'épaule de Marjorie et fermai les yeux quand le chauffeur démarra.

Mon frère m'inquiétait de plus en plus, je savais que ça n'allait plus du tout pour lui, néanmoins j'avais pour espoir que ça s'arrange un peu ... A mes connaissances actuelles, ça n'avait pas bougé, ça c'était peut-être agravé.
Dans le taxi, je me perdis dans mes pensées, la tête de mon amoureux sur l'épaule. Que Spaces avait changé, je me rappelais encore des soirées au bar, avec Maxime, Thomas, Médalia, Erik et moi ...
Je fermai les yeux, tandis que le chauffeur nous ramenâmes à l'hôtel.

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